Quarante-cinq minutes de présentation et une demi-heure de débats c’était le programme prévu ce lundi 26 octobre chez Syntec Numérique pour découvrir l’étude Embedded-France/DGE sur les systèmes cyberphysiques. Au final ce sont près de deux heures de débat qui ont réuni, en présentiel et à distance les adhérents d’Embedded France.
Dévoilée « en exclusivité », en novembre 2019 lors des dernières Assises de l’embarqué puis finalisée au printemps dernier, l’étude « cartographie des systèmes cyberphysiques » sera très prochainement disponible (1). Elle s’est attachée à établir une description synoptique, détaillée et actualisée des technologies et des acteurs des CPS au niveau mondial ainsi que des relations d’interdépendance existant entre eux. Le rapport décrit également la chaîne de valeur de la filière des CPS, son organisation, son positionnement, ses priorités technologiques.
Parmi les points clefs relevés, le caractère stratégique des CPS. « L’avenir de la France ne peut pas se faire sans CPS. Pour l’énergie, la sécurité nationale, la production et le développement de nouveaux produits, de nouvelles infrastructures, et pour répondre aux besoins sociétaux de la population, les CPS sont des outils clefs » a d’emblée expliqué Hervé Dissaux. Ces CPS sont aujourd’hui omniprésents. Ils le seront plus encore demain. Cela se traduit par l’accroissement majeur du nombre d’emplois induits par le secteur depuis 2014. Paradoxalement, ces CPS restent méconnus en France contrairement à nos partenaires et concurrents, même si, comme le notait Hervé Dissaux, beaucoup d’entreprises font du CPS comme M. Jourdain faisait de la prose. Cette méconnaissance du concept même de CPS alors que ses composantes sont largement mises en œuvre (voitures connectées, machines-outils connectées…) engendre une difficulté à saisir tout le potentiel de ces outils.
Le rapport souligne donc la nécessité de continuer encore et toujours à communiquer autour des CPS. Dès 2018, Embedded France avait choisi de consacrer à ce sujet la journée des Assises de l’Embarqué. Depuis, l’association a continué de s’investir et de communiquer sur le sujet via notamment le projet européen CPS4EU.
L’indispensable « chasse en meute »
Les CPS sont des systèmes coopérants et réactifs, en interaction permanente avec leur environnement physique et virtuel. Par les CPS, les systèmes embarqués deviennent connectés, autonomes voire « intelligents », ce qui permet de gérer de nouveaux gisements de valeur.
Un enseignement important de ce rapport : les technologies mises en place sont cross industrie. Or la vision est encore très silotée en France ce qui n’est pas le cas chez nos principaux concurrents. En conséquence, nos actions restent fragmentées, et sans effet d’échelle.
« La France est très riche en laboratoire, en startups, mais elle ne sait pas « chasser en meute » constate Hervé Dissaux. Les ressources sont nombreuses, mais elles ne sont pas interconnectées.
Lors des Assises de l’embarqué de 2019, Matthieu Weill, chef du service de l’économie numérique à la DGE, avait souligné la richesse de la France en matière de savoir et de recherche. Mais à trop se concentrer sur la conception, sur la R&D, sans développer simultanément la capacité de produire, on risque de perdre un vrai savoir-faire.
Un autre risque est mis en exergue par le rapport sur le marché des CPS, la question des usages. La France a toujours du mal à asseoir la vision globale, multi industrie, qui autorise de nouveaux gisements de valeur, principalement autour des services. Les systèmes embarqués connectés génèrent de nouveaux usages. Si on ne s’organise pas, si l’on n’y prend pas garde, ce sont les acteurs de la donnée (GAFAM, BATX…) qui vont maîtriser ces usages.
Des atouts majeurs à mettre en valeur
Le rapport souligne également les très nombreuses richesses de la France. Sur 7 enjeux technologiques majeurs identifiés par les auteurs du rapport, la France est bien positionnée pour 6 d’entre eux. En particulier sur les questions de sureté et de sécurité. En cette période où les questions de souveraineté sont remises sur le devant de la scène, il est important de faire fructifier ces forces.
Six actions prioritaires de développement ont été identifiées
– Appuyer un lieu de convergence des forces vives de la filière et des écosystèmes
– soutenir les travaux de labellisation et de standardisation
– Proposer et appuyer des appels innovants à projets sur les CPS
– Favoriser l’émergence d’outils et briques fournis par l’écosystème
– Sensibiliser et accompagner les PME pour l’intégration des CPS
– Améliorer l’accompagnement des PME pour la destination des fonds existants pour l’intégration des CPS.
A noter que l’association Embedded France est précisément le « lieu de convergence » des forces vives de la filière. Et qu’elle est très impliquée dans les points 2 (par ses groupes de travail) et 3 (par son implication dans des projets comme CPS4EU).
Innovante en 2018, quand elle a consacré ses assises aux CPS, Embedded France reste à la pointe de la réflexion en dédiant notamment ses Assises 2020 à l’intelligence artificielle embarquée , brique essentielle des CPS, dimension encore émergente mais appelé à être un formidable accélérateur de croissance et de souveraineté.
- Diffusée à nos adhérents lors de sa publication, l’étude est désormais accessible à tous. Vous pouvez la télécharger sous ce lien. Le rapport « cartographie des systèmes cyberphysiques » a été réalisé par le cabinet Katalyse sous le co-pilotage de Fabrice Perrot, Masafumi Tanaka et Christophe Meilhac pour la DGE et Cédric Demeure et Jean-Philippe Malicet pour Embedded France.
Retrouvez les dossiers de la DGE (dont l’étude CPS co-réalisée avec Embedded France) .